Présentation
Gignac & Zajenkowski (2019) ont demandé à 436 Polonais en couple (soit 218 couples) d'estimer leur propre intelligence et celle de leur partenaire, leur satisfaction quant au couple, puis leur ont fait passer un test de QI auquel les hommes ont obtenu un QI moyen de 95.89 et les femmes un QI moyen de 94.48.
Surestimation de 30 points
Les résultats ont montré que chacun se surestime en moyenne de 30 points de QI :
"Conformément à l'hypothèse, il a été constaté une corrélation positive entre l'intelligence auto-estimée et l'intelligence objective (APM) pour les femmes (r=0,26, 95%CI : 0,12/0,38, p < 0,001) et les hommes (r=0,33, 95%CI : 0,13/0,49, p < 0,001). Toutefois, comme le montre la figure 2, les femmes et les hommes ont surestimé leur propre QI, lorsque leurs auto-évaluations ont été comparées à leur performance au test objectif de QI : différence de QI moyen des femmes = 29,99 points de QI, 95%CI : 28,01/31,91 t = 29,61, p < 0,001, g de Hedge = 2,44 ; différence de QI moyen des hommes = 30,11 points de QI, 95%CI : 28,12/32,31, t = 27,98, p < 0,001, g de Hedge = 2,19. Ainsi, en moyenne, les femmes et les hommes ont surestimé leur QI d'environ 30 points de QI, ce qui confirme le biais de supériorité1. En conséquence, seulement 0,9 % des femmes et 1,8 % des hommes ont estimé que leur propre intelligence était inférieure à la moyenne (c'est-à-dire QI < 100). Cependant, d'après le test objectif de QI (c'est-à-dire le test APM), dans cet échantillon, 68,8 % des femmes et 55,0 % des hommes ont obtenu un score inférieur à la moyenne (c'est-à-dire QI < 100)."
Gignac & Zajenkowski (2019, p 46)2
Et encore plus celui de leur partenaire :
"En outre, en moyenne (voir fig. 2), les femmes et les hommes ont tendance à estimer le QI de leur partenaire plus élevé que leur propre QI. Plus précisément, les femmes ont estimé que leur partenaire avait un QI supérieur au leur de 7,68 points, t=7,62, p < 0,001, Hedge's g=0,56 (95%CI : 5,74/9,56 ; M=132,16, SD=13,88 contre M=124,47, SD=13,55). En conséquence, les hommes ont estimé que leur partenaire avait un QI supérieur de 5,51 points à leur propre QI, t=4,70, p < 0,001, Hedge's g=0,37 (95%CI : 3,28/7,98 ; M=131,61, SD=14,18 contre M=126,10, SD=15,70)."
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A noter qu'ils n'ont pas trouvé de différence sexuelle statistiquement significative.
Couple et QI
L'étude s'est aussi intéressée à l'homogamie sur le QI ("assortative mating") et a trouvé une corrélation de 0,38 (95%CI: 0,26/0,50, p < 0,001) entre les QI objectifs des partenaires, la différence moyenne de QI étant de 9,67 (SD=8,29).
En revanche, les auteurs n'ont pas trouvé d'impact de la différence de QI sur la satisfaction au sein du couple, tant chez les femmes (r=−0,01, 95%CI: −0,17/0,15, p=0,866) que chez les hommes (r=0,06, 95%CI: −0,07/0,18, p=0,373).
Les limites
L'étude présente cependant des limites. Il y a d'abord celles notées dans l'article : le faible nombre de participants, et le fait de n'avoir utilisé qu'un seul test de QI.
Il faut y rajouter l'ajout de 6 points au test pour prise en compte de l'Effet Flynn, alors que celui-ci s'est peut-être arrêté, voire renversé dans certains pays. Mais ces 6 points ne comptent que pour 20% (1/5e) de la différence.
Enfin, l'étude ne détaille pas les écarts (sans doute par manque de testés) : on ne sait pas si le QI objectif influe sur les QI estimés (le sien et celui de son partenaire). De plus, l'écart-type des mesures objectives de QI n'est pas indiqué.
Traduction de l'Abstract
"Les gens peuvent estimer leur propre intelligence (QI) et celle de leur partenaire romantique avec un certain degré de précision, ce qui peut faciliter l'observation des accouplements assortis pour le QI. Cependant, la mesure dans laquelle les gens peuvent surestimer leur propre QI et celui de leur partenaire romantique est moins bien établie. Dans la présente étude, nous avons examiné quatre questions en suspens dans ce domaine. Premièrement, sur un échantillon de 218 couples, nous avons examiné dans quelle mesure les gens surestiment leur propre QI et celui de leur partenaire, sur la base de comparaisons entre l'intelligence auto-estimée (SEI) et le QI mesuré objectivement (matrices progressives avancées). Ensuite, nous avons évalué si l'accouplement assortatif pour l'intelligence était principalement dirigé par les femmes (le modèle de sélection sexuelle hommes-concurrents/femmes) ou à la fois par les femmes et les hommes (le modèle de sélection sexuelle mutuelle). Troisièmement, nous avons testé l'hypothèse selon laquelle l'accouplement assortatif pour l'intelligence peut se produire à la fois pour le SEI et le QI objectif. Enfin, nous avons examiné la possibilité que le degré de compatibilité intellectuelle puisse avoir un lien positif avec la satisfaction dans la relation. Nous avons constaté que les gens surestimaient leur propre QI (femmes et hommes ≈ 30 points de QI) et celui de leur partenaire (femmes = 38 points de QI ; hommes = 36 points de QI). En outre, les femmes et les hommes ont prédit le QI de leur partenaire avec un certain degré de précision (femmes : r = 0,30 ; hommes : r = 0,19). Toutefois, la différence numérique des corrélations n'a pas été jugée significative sur le plan statistique. Enfin, le degré de compatibilité intellectuelle (évalué objectivement et subjectivement) n'est pas en corrélation significative avec la satisfaction dans la relation pour les deux sexes. Il semblerait que les femmes et les hommes participent au processus de sélection du partenaire, en ce qui concerne l'évaluation du QI, conformément au modèle de sélection sexuelle mutuelle. Toutefois, les avantages personnels de la compatibilité intellectuelle semblent moins évidents."
Gignac & Zajenkowski (2019)4
Références
Gignac, G. E., & Zajenkowski, M. (2019). People tend to overestimate their romantic partner’s intelligence even more than their own. Intelligence, 73, 41–51 doi:10.1016/j.intell.2019.01.004
Crédits des images
- Wikimedia Common
- Gignac & Zajenkowski (2019)
Historique des modifications
Date | Historique |
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7 avril 2020 | 1ère Mise en ligne |
Notes
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Wikipedia traduit "Better Than Average Effect" par "Supériorité illusoire" et ajoute :
"Le terme de supériorité illusoire a été utilisé en premier par les chercheurs Van Yperen et Buunk, en 1991. La condition est également connue sous le nom d’ effet supérieur à la moyenne, biais de supériorité, erreur de clémence, sentiment de supériorité relative, effet primus inter pares1, et l'effet du lac Wobegon2."
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Traduction depuis :
"As hypothesized, there was a positive correlation between self-estimated intelligence and objective intelligence (APM) for both women (r=0.26, 95%CI: 0.12/ 0.38, p <.001) and men (r=0.33, 95%CI: 0.13/0.49, p <.001). However, as can be seen in Fig. 2, both women and men overestimated their own IQs, when their self-ratings were compared against their performance on the objective IQ test: female mean IQ difference=29.99 IQ points, 95%CI: 28.01/31.91 t=29.61, p <.001, Hedge's g=2.44; male mean IQ difference=30.11 IQ points, 95%CI: 28.12/32.31, t=27.98, p <.001, Hedge's g=2.19. Thus, on average, both women and men overestimated their IQs by approximately 30 IQ points, which was supportive of the better-than-average effect. Correspondingly, only 0.9% of women and 1.8% of men self-assessed their own intelligence as below average (i.e., IQ<100).2 However, ding to the objective IQ test (i.e., APM), in this sample, 68.8% of women and 55.0% of men scored below average (i.e., IQ < 100)."
Gignac & Zajenkowski (2019, p 46) -
Traduction depuis :
"Furthermore, on average (see Fig. 2), both women and men tended to estimate their partner's IQ higher than their own IQ. Specifically, women rated their partner's to have an IQ 7.68 points higher than their own, t=7.62, p <.001, Hedge's g=0.56 (95%CI: 5.74/9.56; M=132.16, SD=13.88 vs. M=124.47, SD=13.55). Correspond- ingly, men rated their partner to have an IQ 5.51 points higher than their own IQ, t=4.70, p <.001, Hedge's g=0.37 (95%CI: 3.28/7.98; M=131.61, SD=14.18 vs. M=126.10, SD=15.70)."
Gignac & Zajenkowski (2019, p 46) -
Traduction depuis :
"People can estimate their own and their romantic partner's intelligence (IQ) with some level of accuracy, which may facilitate the observation of assortative mating for IQ. However, the degree to which people may overestimate their own (IQ), as well as overestimate their romantic partner's IQ, is less well established. In the current study, we investigated four outstanding issues in this area. First, in a sample of 218 couples, we examined the degree to which people overestimate their own and their partner's IQ, on the basis of comparisons between self-estimated intelligence (SEI) and objectively measured IQ (Advanced Progressive Matrices). Secondly, we evaluated whether assortative mating for intelligence was driven principally by women (the males-compete/females choose model of sexual selection) or both women and men (the mutual mate model of sexual selection). Thirdly, we tested the hypothesis that assortative mating for intelligence may occur for both SEI and objective IQ. Finally, the possibility that degree of intellectual compatibility may relate positively to relationship satisfaction was examined. We found that people overestimated their own IQ (women and men ≈ 30 IQ points) and their partner's IQ (women = 38 IQ points; men = 36 IQ points). Furthermore, both women and men predicted their partner's IQ with some degree of accuracy (women: r = 0.30; men: r = 0.19). However, the numerical difference in the correlations was not found to be significant statistically. Finally, the degree of intellectual compatibility (objectively and subjectively assessed) failed to correlate significantly with relationship satisfaction for both sexes. It would appear that women and men participate in the process of mate selection, with respect to evaluating IQ, consistent with the mutual mate model of sexual selection. However, the personal benefits of intellectual compatibility seem less obvious."
Gignac & Zajenkowski (2019)